Claude VINCI
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Claude VINCI
Claude VINCI
Source :
Quotidien "Le soir d'Algérie" (29/03/2007)
Le Soir des Livres : "VINCI SOIT-IL" (*)
Dda Vinci, le berberichon
Qu’est-ce qui prédisposait ce Berrichon à se projeter berberichon, cet ingénieur doublé d’un footballeur à devenir chanteur, ce militant anarchisant à s’encarter au PC ? La biographie du chanteur Claude Vinci, écrite par Marie- Joëlle Rupp, tente de répondre aux questions que soulèvent ces métamorphoses continuelles. C’est peu dire que Claude Vinci est un homme qui a toujours été en mouvement.
En mouvement dans l’espace, mais aussi dans les pensées et les idées. Et comme tout transhumant, ses haltes valent ses hâtes, elles sont rapides et marquantes. Ses haltes ont été des amitiés motrices et des amours inépuisés. Il se lance dans la chanson à texte, un genre à rebrousse-succès, dans le sillage d’Yves Montand et de Simone Signoret, les potes tutélaires qui ont guidé ses premiers pas. Mais avant de pousser le chant comme on brandit le poing fermé, avec détermination et poésie, Claude Vinci aura été à l’âge de 16 ans résistant dans son Berry natal, puis un footballeur prometteur qui a atteint le niveau de l’équipe de France juniors, étudiant à l’école des Arts et métiers qui fera de lui un ingénieur. Et parce que, adolescent, il a vu son père enterrer le poème «Liberté» d’Eluard et qu’il a vu Adrienne donner sa jeune vie pour cette même liberté, Claude Vinci a su dans quelle direction orienter ses pas : celle de la justice et de la solidarité avec les causes justes. C’est tout naturellement que, rappelé pendant la guerre d’Algérie, il estime de son devoir de faire la belle. Mais cet homme ne faisant rien comme tout le monde, sa désertion du bled se fera naturellement, sans que l’armée, frappée pour une fois de bonne cécité, s’en aperçoive au point où, quelque temps plus tard, il bénéficie d’un arriéré de soldes. Mais le mal est doublement fait. D’abord, Claude Vinci, revenu à Paris plus aguerri que jamais, continue de soutenir le FLN avec une détermination surmultipliée par la clandestinité et la conscience de n’avoir plus rien à perdre. Ensuite, d’avoir été témoin des horreurs commises «là-bas» par une armée dont on lui fait endosser l’uniforme a boosté sa répulsion de ces grands groupes qui font passer leurs intérêts coloniaux pour ceux de la France. C’est donc un artiste trempé dans la douleur et un combattant rodé qui allait monter au front, et à plusieurs fronts. Il sera aux côtés de Mohammed Boudia militant pour la cause palestinienne, montera en premières lignes dans les luttes syndicales en faveur des artistes dont les droits sont piétinés. Et il continue, fidèle à ses amours de jeunesse, ces utopies flamboyantes, à être disponible partout où ses idéaux le sollicitent. Toutes ces vies résumées en une seule, celle de Claude Vinci, Marie-Joëlle Rupp a su les rendre, en ayant fait usage d’une qualité exceptionnelle d’écoute, dans une superbe cohérence. Elle a beau s’effacer derrière le personnage dont elle rédige une biographie plus qu’autorisée, on sent sa touche personnelle : une écriture fluide et pudique.
B. A.
(*)Vinci soit-il, Marie-Joëlle Rupp ; Le temps des cerises.
Admin
Source :
Quotidien "Le soir d'Algérie" (29/03/2007)
Le Soir des Livres : "VINCI SOIT-IL" (*)
Dda Vinci, le berberichon
Qu’est-ce qui prédisposait ce Berrichon à se projeter berberichon, cet ingénieur doublé d’un footballeur à devenir chanteur, ce militant anarchisant à s’encarter au PC ? La biographie du chanteur Claude Vinci, écrite par Marie- Joëlle Rupp, tente de répondre aux questions que soulèvent ces métamorphoses continuelles. C’est peu dire que Claude Vinci est un homme qui a toujours été en mouvement.
En mouvement dans l’espace, mais aussi dans les pensées et les idées. Et comme tout transhumant, ses haltes valent ses hâtes, elles sont rapides et marquantes. Ses haltes ont été des amitiés motrices et des amours inépuisés. Il se lance dans la chanson à texte, un genre à rebrousse-succès, dans le sillage d’Yves Montand et de Simone Signoret, les potes tutélaires qui ont guidé ses premiers pas. Mais avant de pousser le chant comme on brandit le poing fermé, avec détermination et poésie, Claude Vinci aura été à l’âge de 16 ans résistant dans son Berry natal, puis un footballeur prometteur qui a atteint le niveau de l’équipe de France juniors, étudiant à l’école des Arts et métiers qui fera de lui un ingénieur. Et parce que, adolescent, il a vu son père enterrer le poème «Liberté» d’Eluard et qu’il a vu Adrienne donner sa jeune vie pour cette même liberté, Claude Vinci a su dans quelle direction orienter ses pas : celle de la justice et de la solidarité avec les causes justes. C’est tout naturellement que, rappelé pendant la guerre d’Algérie, il estime de son devoir de faire la belle. Mais cet homme ne faisant rien comme tout le monde, sa désertion du bled se fera naturellement, sans que l’armée, frappée pour une fois de bonne cécité, s’en aperçoive au point où, quelque temps plus tard, il bénéficie d’un arriéré de soldes. Mais le mal est doublement fait. D’abord, Claude Vinci, revenu à Paris plus aguerri que jamais, continue de soutenir le FLN avec une détermination surmultipliée par la clandestinité et la conscience de n’avoir plus rien à perdre. Ensuite, d’avoir été témoin des horreurs commises «là-bas» par une armée dont on lui fait endosser l’uniforme a boosté sa répulsion de ces grands groupes qui font passer leurs intérêts coloniaux pour ceux de la France. C’est donc un artiste trempé dans la douleur et un combattant rodé qui allait monter au front, et à plusieurs fronts. Il sera aux côtés de Mohammed Boudia militant pour la cause palestinienne, montera en premières lignes dans les luttes syndicales en faveur des artistes dont les droits sont piétinés. Et il continue, fidèle à ses amours de jeunesse, ces utopies flamboyantes, à être disponible partout où ses idéaux le sollicitent. Toutes ces vies résumées en une seule, celle de Claude Vinci, Marie-Joëlle Rupp a su les rendre, en ayant fait usage d’une qualité exceptionnelle d’écoute, dans une superbe cohérence. Elle a beau s’effacer derrière le personnage dont elle rédige une biographie plus qu’autorisée, on sent sa touche personnelle : une écriture fluide et pudique.
B. A.
(*)Vinci soit-il, Marie-Joëlle Rupp ; Le temps des cerises.
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