Hommage à Henri Maillot à Alger Mort pour l'Algérie le 5 juin 1956 Paix a son âme

CÉLÉBRATION DU 61E ANNIVERSAIRE DE SA DISPARITION
Hommage à Henri Maillot à Alger

Dans la matinée de samedi, il y avait foule au cimetière chrétien de Diar Es-Saâda, où famille et compagnons de Maillot étaient présents pour lui rendre hommage.

Il y avait foule dans ce cimetière chrétien de Diar Es-Saâda, en cette matinée du 10 juin 2017. Il y a 61 ans ­— le 5 juin 1956 — disparaissait le jeune Henri Maillot, martyr du devoir envers son pays, l’Algérie, et l’émotion est encore vive chez ses compagnons et amis venus lui rendre hommage et rappeler sa mémoire d’homme juste à la mémoire injuste qui semble vouloir oublier. Et tout porte à le croire car “aucune plaque commémorative ne lui a été désignée ni aucune institution, rue ou impasse ne porte son nom”. Pour ceux qui penseraient que l’hôpital Maillot, actuel Lamine-Debaghine, renvoie au défunt Henri, ils se trompent, car cette appellation date de l’époque coloniale, plus exactement de 1917, lorsque cet ancien palais du dey Hassan Pacha est rebaptisé François-Clément Maillot, du nom du médecin qui codifia l’usage de la quinine contre le paludisme en 1834. Pour certains présents à cet hommage, “il aurait été plus judicieux de profiter de cet homonyme qui est rentré dans la mémoire collective et de le rebaptiser Henri Maillot tout simplement !” Pour sa part, Merzak Chertouk prononça un petit discours rappelant la bravoure du martyr tombé au champ d’honneur et donna la parole à quelques présents venus raviver cette flamme d’une Algérie qui ne veut pas et ne doit pas oublier le sacrifice de ses enfants, tous ses enfants, sans exception, indépendamment de leur culture ou de leur religion, ce sont tous les dignes fils de cette terre qui doit leur être reconnaissante au même titre que les autres. Et à travers cet hommage à Maillot, c’est un hommage et un rappel de tous ceux qui ont défendu l’Algérie, ces chouhada qui sont morts pour que vive l’Algérie. Maurice Laban, Pierre Ghenassia, Fernand Yveton, Jean Farrugia, Maurice Audin, Georges Acampora, Danielle Mine, Raymonde Peschard… des hommes et des femmes justes qui ont sacrifié leur jeunesse et leur vie et qui méritent plus d’égards et de considération. Comment leur refuser ce droit d’être Algériens à part entière et ne pas reconnaître le rang de chahid à ceux qui ne sont plus de ce monde, car ils ont fait le sacrifice de leur vie ? Felix Colozzi, Eliette Lou, Juliette Acampora… Ces dignes enfants de l’Algérie sont encore là aujourd’hui, mais qu’en sera-t-il demain ? Pourquoi les priver de la joie d’être Algériens à part entière et à plein temps ? Comment les générations futures connaîtront-ils leur histoire et sauront ce qui a été fait, hier, et par qui ? Beaucoup de ceux qui étaient présents à l’hommage de l’an dernier ne sont plus de ce monde, et la demande de la famille Maillot reste sans voix(e) : “Afin de préserver la mémoire d’Henri et les idéaux pour lesquels il s’est sacrifié, nous n’avons jamais rien demandé d’autre qu’une reconnaissance. Nous aimerions voir son nom gravé sur le fronton d’un lycée, d’une université, d’une cité ou bien lui dédier un lieu de mémoire pour que son sacrifice pour une Algérie libre, indépendante, fraternelle, tolérante et juste ne soit pas vain. Car la grandeur et la noblesse de notre Révolution est d’avoir été portée et défendue par des femmes et des hommes de différentes origines religieuses et culturelles. C’est cela que nous devons inculquer aux jeunes générations algériennes. Ce sera une juste reconnaissance qui le sortira de la nuit de l’oubli où il a été longtemps confiné, à l’instar d’autres martyrs algériens d’origine étrangère.” Qui va en faire l’écho ?!

Samira Bendris-Oulebsir

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