Henri ALLEG, condamné à la prison pour l'Algérie
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Henri ALLEG, condamné à la prison pour l'Algérie
Henri ALLEG
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Alleg
Henri ALLEG
Henri Alleg, de son vrai nom Harry Salem, né à Londres en 1921, est un journaliste franco-algérien, membre du PCF et ancien directeur d'Alger Républicain.
En 1940, il s'installe en Algérie. Il milite au sein du Parti communiste algérien. En 1951, il devient directeur du quotidien Alger républicain. Il entre dans la clandestinité en 1955, date d'interdiction du journal en Algérie. Il continue cependant à transmettre des articles en France dont certains sont publiés par l'Humanité.
Il est arrêté le 12 juin 1957 par les parachutistes de la 10e D.P, au domicile de Maurice Audin, son ami, arrêté la veille et qui sera torturé à mort.
Henri Alleg est séquestré un mois à El-Biar, où il est torturé et subit un interrogatoire mené après une injection de penthotal. Il est ensuite transféré au camp de Lodi où il reste un mois, puis à Barberousse, la prison civile d'Alger. C'est là qu'il écrit La Question, dissimulant les pages écrites et les transmettant à ses avocats.
Dans La Question, il raconte sa période de détention et les sévices qu'il y subit, en pleine guerre d'Algérie. Tout d'abord publié en France aux Éditions de Minuit, l'ouvrage est immédiatement interdit. Nils Andersson le réédite en Suisse, quatorze jours après l'interdiction le frappant en France en mars 1958. Malgré son interdiction en France, ce livre contribue considérablement à révéler le phénomène de la torture en Algérie.
Trois ans après son arrestation, Henri Alleg est inculpé d'« atteinte à la sûreté extérieure de l'État » et de « reconstitution de ligue dissoute » et condamné à 10 ans de prison. Transféré en France, il est incarcéré à la prison de Rennes. Profitant d'un séjour dans un hôpital, il s'évade. Aidé par des militants communistes, il rejoint la Tchécoslovaquie grâce à Alfred Locussol.
Il revient en France après les Accords d'Évian, puis en Algérie où il participe à la renaissance du journal Alger Républicain. "Persona Non Grata" en Algérie suite au coup d'État de Houari Boumédiène, il se réinstalle en France en 1965. Le film documentaire de Jean-Pierre Lledo "Un rêve algérien" retrace son retour 40 ans plus tard dans une Algérie qui l'accueille à bras ouverts et où il retrouve avec bonheur ses anciens compagnons.
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Admin
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Alleg
Henri ALLEG
Henri Alleg, de son vrai nom Harry Salem, né à Londres en 1921, est un journaliste franco-algérien, membre du PCF et ancien directeur d'Alger Républicain.
En 1940, il s'installe en Algérie. Il milite au sein du Parti communiste algérien. En 1951, il devient directeur du quotidien Alger républicain. Il entre dans la clandestinité en 1955, date d'interdiction du journal en Algérie. Il continue cependant à transmettre des articles en France dont certains sont publiés par l'Humanité.
Il est arrêté le 12 juin 1957 par les parachutistes de la 10e D.P, au domicile de Maurice Audin, son ami, arrêté la veille et qui sera torturé à mort.
Henri Alleg est séquestré un mois à El-Biar, où il est torturé et subit un interrogatoire mené après une injection de penthotal. Il est ensuite transféré au camp de Lodi où il reste un mois, puis à Barberousse, la prison civile d'Alger. C'est là qu'il écrit La Question, dissimulant les pages écrites et les transmettant à ses avocats.
Dans La Question, il raconte sa période de détention et les sévices qu'il y subit, en pleine guerre d'Algérie. Tout d'abord publié en France aux Éditions de Minuit, l'ouvrage est immédiatement interdit. Nils Andersson le réédite en Suisse, quatorze jours après l'interdiction le frappant en France en mars 1958. Malgré son interdiction en France, ce livre contribue considérablement à révéler le phénomène de la torture en Algérie.
Trois ans après son arrestation, Henri Alleg est inculpé d'« atteinte à la sûreté extérieure de l'État » et de « reconstitution de ligue dissoute » et condamné à 10 ans de prison. Transféré en France, il est incarcéré à la prison de Rennes. Profitant d'un séjour dans un hôpital, il s'évade. Aidé par des militants communistes, il rejoint la Tchécoslovaquie grâce à Alfred Locussol.
Il revient en France après les Accords d'Évian, puis en Algérie où il participe à la renaissance du journal Alger Républicain. "Persona Non Grata" en Algérie suite au coup d'État de Houari Boumédiène, il se réinstalle en France en 1965. Le film documentaire de Jean-Pierre Lledo "Un rêve algérien" retrace son retour 40 ans plus tard dans une Algérie qui l'accueille à bras ouverts et où il retrouve avec bonheur ses anciens compagnons.
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Admin
Dernière édition par Admin le Jeu 9 Juil - 19:03, édité 2 fois
Re: Henri ALLEG, condamné à la prison pour l'Algérie
Henri Alleg, le plus Algérien des Français
Source :
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article75585
vendredi 5 décembre 2008
Henri Alleg, le plus Algérien des Français
Par Djamal Benmerad
J’ai titré ainsi mon article par pure coquetterie intellectuelle et non par respect à la vérité historique, car Henri Alleg n’est ni tout à fait Algérien ni tout à fait Français : il est internationaliste, bien que nous, Algériens, ayons tendance à nous l’approprier.
Il m’échoit ainsi deux tâches en une. La première tâche, ingrate celle-là, vise à présenter Harry Salem, plus connu sous son nom de guerre d’Henri Alleg, à une partie des lecteurs déjà convaincus et connaisseurs de ce dernier, tant la valeur de cet homme a fait le tour des cinq continents.
La seconde tâche consiste en le redoutable privilège de faire connaître Henri Alleg à cette autre partie du public qu’est la jeunesse et qui, peut-être connaît imparfaitement cet homme. Je le ferai donc en vertu de deux affinités subjectives qui me lient à Henry Alleg : l’idéal communiste et l’honneur d’avoir travaillé à Alger républicain en qualité de grand reporter quelques dizaines d’années après lui (ce qui ne rajeunit pas Henri !) A ce propos, il faut dire, en passant, que lors de notre intégration à ce journal, chaque jeune journaliste subissait un long speech sur Henri Alleg, par notre directeur de journal aujourd’hui hélas décédé, Abdelhamid Benzine, qui lui aussi connut pendant la guerre la torture et les camps de concentra tion. Ainsi nous, dont « La question » figurait parmi nos livres de chevet, nous connaissions Henri avant même de l’avoir rencontré. Il était devenu un mythe pour les Maghrébins que nous sommes, raffolant de mythes et de légendes. Mais cet inconnu devient aussi pour nous une référence en matière de journalisme.
Nous apprîmes donc que ce natif de Londres a tôt commencé le journalisme, avant de s’installer dans l’Algérie coloniale des années quarante. A l’âge de 19 ans il adhère au Parti Communiste Algérien. La direction de ce Parti, assimilant mal les enseignements de Lénine concernant la question coloniale, était majoritairement composé de pieds noirs, c’est-à-dire des français nés en Algérie, ce Parti donc bégayait à l’époque entre la revendication d’une assimilation des Algériens aux Français et sa demande de promotion des classes ouvrières des deux pays. L’idée de l’indépendance de l’Algérie ne l’effleurait même pas. Il était en somme une annexe du Parti Communiste Français. Mais passons sur cette digression qui risque de réveiller de vieilles polémiques.
En 1951, Henri Alleg se voit offrir la direction du journal progressiste Alger républicain. Il renforce sa ligne résolument anticapitaliste. Peu à peu, la ligne de ce journal devient plus radicale et se rapproche des thèses nationalistes, tant le colonialisme est le fils cadet du capitalisme. Le fils benjamin du capitalisme étant l’impérialisme.
1954 : l’insurrection armée Algérienne éclate. Le Parti Communiste Algérien, censé être un parti d’avant-garde, est pris au dépourvu. Nombre de militants le quitteront pour rejoindre les patriotes Algériens.
Quelques mois plus tard, Alger républicain est interdit par les autorités coloniales. Apprenant qu’il était recherché, Henri Alleg plonge dans la clandestinité pendant que nombre de communistes créent des cellules armées combattantes dénommées Les maquis rouges, dont le moins méritant n’est pas Fernand Yveton, Français de souche, qui sera condamné à la guillotine et exécuté. Il venait à peine d’avoir 20 ans. Les communistes combattront sous le vocable de Maquis rouges jusqu’en 1956, année où ils vont s’auto dissoudre pour rejoindre l’Armée de Libération Nationale.
Après deux ans de clandestinité, Henri est soudain découvert et arrêté le 12 juin 1957 par la sinistre 10eme division de parachutistes du non moins sinistre général Massu. Il est immédiatement transféré dans une villa des hauteurs d’Alger. Il s’agissait probablement de la villa Susini de triste mémoire. Là, Henri connaîtra dans sa chair les morsures de « la bête immonde. » Il y subira ses tortures des plus grossières aux plus raffinées. Il fera connaissance avec « le torchon mouillé », la « gégène », « la baignoire » et autres joyeusetés les unes pires que les autres. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, à l’heure où la torture sévit à Abou Ghraïeb (en Irak), en Palestine, en Colombie et ailleurs, écoutons Henri Alleg :
Extrait de La Question d’Henri Alleg
Jacquet, toujours souriant, agita d’abord devant mes yeux les pinces qui terminaient les électrodes. Des petites pinces d’acier brillant, allongées et dentelées. Des pinces « crocodiles », disent les ouvriers des lignes téléphoniques qui les utilisent. Il m’en fixa une au lobe de l’oreille droite, l’autre au doigt du même côté.D’un seul coup, je bondis dans mes liens et hurlai de toute ma voix. Charbonnier venait de m’envoyer dans le corps la première décharge électrique. Près de mon oreille avait jailli une longue étincelle et je sentis dans ma poitrine mon coeur s’emballer.
Je me tordais en hurlant et me raidissais à me blesser, tandis que les secousses commandées par Charbonnier, magnéto en mains, se succédaient sans arrêt. Sur le même rythme, Charbonnier scandait une seule question en martelant les syllabes « Où es-tu hébergé ? »Entre deux secousses, je me tournai vers lui pour lui dire : « Vous avez tort, vous vous en repentirez ! » Furieux, Charbonnier tourna à fond le rhéostat de sa magnéto : « Chaque fois que tu me feras la morale, je t’enverrai une giclée ! » et tandis que je continuais à crier, il dit à Jacquet : « Bon Dieu, qu’il est gueulard ! Foutez-lui un bâillon ! » Roulant ma chemise en boule, Jacquet me l’enfonça dans la bouche et le supplice recommença. Je serrai de toutes mes forces le tissu entre mes dents et j’y trouvai presque un soulagement. Fin de citation.
Après un mois de sévices ignobles, un mois qui a dû durer pour lui un siècle, Henri est transféré en divers lieux de détention pour, finalement, aboutir à la prison Algéroise Barberousse.. C’est dans cette prison qu’Henri Alleg entreprend de relater son supplice afin que nul ne dise « je ne savais pas. » A mesure qu’il rédige fébrilement « La question », il en fera sortir un par un les feuillets à l’insu de ses gardiens, par l’intermédiaire de ses avocats qui étaient aussi ses « complices » à l’instar de Leo Mataresso.
Une fois achevé et évacué hors de prison, un homme de bonne volonté et de grand courage entreprit de l’éditer. Il s’agissait de Jérôme Lindon, directeur des Editions de Minuit. Pendant que son auteur est en prison, La question est publié. Les autorités françaises interdisent le livre mais des centaines d’exemplaires sont déjà répandus sur le territoire. C’est ainsi, et avec l’aide La Cité, une maison d’éditions Suisse, que les Français apprennent avec émoi que l’on torture en Algérie et qui plus est, on torture même des Français ! Des intellectuels et autres personnalités tels que Jean-Paul Sartre, Malraux, François Mauriac et tant d’autres protestent vigoureusement auprès de leur gouvernement.
Dans l’Algérie maquisarde, du livre fut d’un apport extraordinaire. « Ce fut pour nous l’équivalent d’un bataillon » me dira, il y a quelques années, le commandant Azzedine, un des anciens dirigeants de l’Armée de Libération Nationale algérienne.
Après trois années de détention à la prison Barberousse, Henri est transféré en France, dans la Prison de Rennes. d’où il s’évadera peu après, aidé en cela par un réseau communiste qui lui fera rejoindre la Tchécoslovaquie. Il y restera jusqu’en 1962, lors du cessez-le feu conclu entre l’Algérie combattante et la France colonialiste. Il revient dans l’Algérie indépendante pour organiser la reparution d’Alger républicain.
Je termine en rappelant que, contrairement aux Occidentaux, nous, Maghrébins avons le culte des héros. Henri Alleg est de ceux-là.
Dj. B.
De : Djamal Benmerad
vendredi 5 décembre 2008-------------------
Admin
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http://bellaciao.org/fr/spip.php?article75585
vendredi 5 décembre 2008
Henri Alleg, le plus Algérien des Français
Par Djamal Benmerad
J’ai titré ainsi mon article par pure coquetterie intellectuelle et non par respect à la vérité historique, car Henri Alleg n’est ni tout à fait Algérien ni tout à fait Français : il est internationaliste, bien que nous, Algériens, ayons tendance à nous l’approprier.
Il m’échoit ainsi deux tâches en une. La première tâche, ingrate celle-là, vise à présenter Harry Salem, plus connu sous son nom de guerre d’Henri Alleg, à une partie des lecteurs déjà convaincus et connaisseurs de ce dernier, tant la valeur de cet homme a fait le tour des cinq continents.
La seconde tâche consiste en le redoutable privilège de faire connaître Henri Alleg à cette autre partie du public qu’est la jeunesse et qui, peut-être connaît imparfaitement cet homme. Je le ferai donc en vertu de deux affinités subjectives qui me lient à Henry Alleg : l’idéal communiste et l’honneur d’avoir travaillé à Alger républicain en qualité de grand reporter quelques dizaines d’années après lui (ce qui ne rajeunit pas Henri !) A ce propos, il faut dire, en passant, que lors de notre intégration à ce journal, chaque jeune journaliste subissait un long speech sur Henri Alleg, par notre directeur de journal aujourd’hui hélas décédé, Abdelhamid Benzine, qui lui aussi connut pendant la guerre la torture et les camps de concentra tion. Ainsi nous, dont « La question » figurait parmi nos livres de chevet, nous connaissions Henri avant même de l’avoir rencontré. Il était devenu un mythe pour les Maghrébins que nous sommes, raffolant de mythes et de légendes. Mais cet inconnu devient aussi pour nous une référence en matière de journalisme.
Nous apprîmes donc que ce natif de Londres a tôt commencé le journalisme, avant de s’installer dans l’Algérie coloniale des années quarante. A l’âge de 19 ans il adhère au Parti Communiste Algérien. La direction de ce Parti, assimilant mal les enseignements de Lénine concernant la question coloniale, était majoritairement composé de pieds noirs, c’est-à-dire des français nés en Algérie, ce Parti donc bégayait à l’époque entre la revendication d’une assimilation des Algériens aux Français et sa demande de promotion des classes ouvrières des deux pays. L’idée de l’indépendance de l’Algérie ne l’effleurait même pas. Il était en somme une annexe du Parti Communiste Français. Mais passons sur cette digression qui risque de réveiller de vieilles polémiques.
En 1951, Henri Alleg se voit offrir la direction du journal progressiste Alger républicain. Il renforce sa ligne résolument anticapitaliste. Peu à peu, la ligne de ce journal devient plus radicale et se rapproche des thèses nationalistes, tant le colonialisme est le fils cadet du capitalisme. Le fils benjamin du capitalisme étant l’impérialisme.
1954 : l’insurrection armée Algérienne éclate. Le Parti Communiste Algérien, censé être un parti d’avant-garde, est pris au dépourvu. Nombre de militants le quitteront pour rejoindre les patriotes Algériens.
Quelques mois plus tard, Alger républicain est interdit par les autorités coloniales. Apprenant qu’il était recherché, Henri Alleg plonge dans la clandestinité pendant que nombre de communistes créent des cellules armées combattantes dénommées Les maquis rouges, dont le moins méritant n’est pas Fernand Yveton, Français de souche, qui sera condamné à la guillotine et exécuté. Il venait à peine d’avoir 20 ans. Les communistes combattront sous le vocable de Maquis rouges jusqu’en 1956, année où ils vont s’auto dissoudre pour rejoindre l’Armée de Libération Nationale.
Après deux ans de clandestinité, Henri est soudain découvert et arrêté le 12 juin 1957 par la sinistre 10eme division de parachutistes du non moins sinistre général Massu. Il est immédiatement transféré dans une villa des hauteurs d’Alger. Il s’agissait probablement de la villa Susini de triste mémoire. Là, Henri connaîtra dans sa chair les morsures de « la bête immonde. » Il y subira ses tortures des plus grossières aux plus raffinées. Il fera connaissance avec « le torchon mouillé », la « gégène », « la baignoire » et autres joyeusetés les unes pires que les autres. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, à l’heure où la torture sévit à Abou Ghraïeb (en Irak), en Palestine, en Colombie et ailleurs, écoutons Henri Alleg :
Extrait de La Question d’Henri Alleg
Jacquet, toujours souriant, agita d’abord devant mes yeux les pinces qui terminaient les électrodes. Des petites pinces d’acier brillant, allongées et dentelées. Des pinces « crocodiles », disent les ouvriers des lignes téléphoniques qui les utilisent. Il m’en fixa une au lobe de l’oreille droite, l’autre au doigt du même côté.D’un seul coup, je bondis dans mes liens et hurlai de toute ma voix. Charbonnier venait de m’envoyer dans le corps la première décharge électrique. Près de mon oreille avait jailli une longue étincelle et je sentis dans ma poitrine mon coeur s’emballer.
Je me tordais en hurlant et me raidissais à me blesser, tandis que les secousses commandées par Charbonnier, magnéto en mains, se succédaient sans arrêt. Sur le même rythme, Charbonnier scandait une seule question en martelant les syllabes « Où es-tu hébergé ? »Entre deux secousses, je me tournai vers lui pour lui dire : « Vous avez tort, vous vous en repentirez ! » Furieux, Charbonnier tourna à fond le rhéostat de sa magnéto : « Chaque fois que tu me feras la morale, je t’enverrai une giclée ! » et tandis que je continuais à crier, il dit à Jacquet : « Bon Dieu, qu’il est gueulard ! Foutez-lui un bâillon ! » Roulant ma chemise en boule, Jacquet me l’enfonça dans la bouche et le supplice recommença. Je serrai de toutes mes forces le tissu entre mes dents et j’y trouvai presque un soulagement. Fin de citation.
Après un mois de sévices ignobles, un mois qui a dû durer pour lui un siècle, Henri est transféré en divers lieux de détention pour, finalement, aboutir à la prison Algéroise Barberousse.. C’est dans cette prison qu’Henri Alleg entreprend de relater son supplice afin que nul ne dise « je ne savais pas. » A mesure qu’il rédige fébrilement « La question », il en fera sortir un par un les feuillets à l’insu de ses gardiens, par l’intermédiaire de ses avocats qui étaient aussi ses « complices » à l’instar de Leo Mataresso.
Une fois achevé et évacué hors de prison, un homme de bonne volonté et de grand courage entreprit de l’éditer. Il s’agissait de Jérôme Lindon, directeur des Editions de Minuit. Pendant que son auteur est en prison, La question est publié. Les autorités françaises interdisent le livre mais des centaines d’exemplaires sont déjà répandus sur le territoire. C’est ainsi, et avec l’aide La Cité, une maison d’éditions Suisse, que les Français apprennent avec émoi que l’on torture en Algérie et qui plus est, on torture même des Français ! Des intellectuels et autres personnalités tels que Jean-Paul Sartre, Malraux, François Mauriac et tant d’autres protestent vigoureusement auprès de leur gouvernement.
Dans l’Algérie maquisarde, du livre fut d’un apport extraordinaire. « Ce fut pour nous l’équivalent d’un bataillon » me dira, il y a quelques années, le commandant Azzedine, un des anciens dirigeants de l’Armée de Libération Nationale algérienne.
Après trois années de détention à la prison Barberousse, Henri est transféré en France, dans la Prison de Rennes. d’où il s’évadera peu après, aidé en cela par un réseau communiste qui lui fera rejoindre la Tchécoslovaquie. Il y restera jusqu’en 1962, lors du cessez-le feu conclu entre l’Algérie combattante et la France colonialiste. Il revient dans l’Algérie indépendante pour organiser la reparution d’Alger républicain.
Je termine en rappelant que, contrairement aux Occidentaux, nous, Maghrébins avons le culte des héros. Henri Alleg est de ceux-là.
Dj. B.
De : Djamal Benmerad
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